Sarah est la seule matriarche dont la Bible donne l’âge. Cela est en soi source de réflexions, d’études révélatrices.
Elle aurait dû vivre 175 ans, comme son époux Abraham, mais il lui fut ôté 48 ans de vie, du fait de ses disputes avec son mari au sujet de Hagar, la concubine qui mit au monde Ismaël, et que Sarah elle-même amena à Abraham, à cause de sa propre stérilité.
Sarah au destin exceptionnel, Sarah à la beauté légendaire, convoitée par les princes étrangers, Sarah dont les commentaires de la Aggadah assurent que les pouvoirs prophétiques dépassaient ceux d’Abraham, Sarah ne pouvait enfanter !

Cependant, treize ans après la naissance d’Ismaël, un miracle la rendit féconde.
En effet, Sarah a 90 ans, et son époux 99, lorsque trois Anges, accueillis par Abraham, lui annoncent la naissance prochaine d’un fils.
Sarah surprend cette prophétie, et Sarah rit !
Rire magnifique d’humanité, de fraîcheur et d’espoir ! Ce rire des femmes qui monte de leurs ventres, qui accroche le bonheur aux branches des arbres, qui rend la vie possible et belle. Ce rire auquel elles croient pour apprivoiser le monde ombrageux.
Rire incrédule aussi, et Dieu le sait, même si Sarah n’en fait pas état devant son époux.
C’est pourquoi contrairement à d’habitude où, dans la Tora, ce sont les femmes qui attribuent leurs prénoms aux enfants, ici, c’est Dieu, par l’intermédiaire d’Abraham, qui nommera l’enfant Ytshak, qui signifie « Il rira ».

On a parfois considéré que le rire de Sarah était un rire d’auto-dérision : « Flétrie par l’âge, aurai-je ce plaisir ? Et mon seigneur est vieux ! »
Mais la dérision concerne-t-elle cette femme âgée en mal d’enfant, ou ne se dirige-t-elle pas plutôt vers la Nature, magistralement démentie par cette prophétie ?
Quelle femme ne voudrait croire au miracle annoncé ? Qui ne voudrait entendre dans le rire de Sarah l’allégresse cristalline du bonheur ?
Le Midrach nous raconte qu’en même temps que Sarah, Dieu s’est souvenu de beaucoup d’autres femmes stériles. De nombreux malades ont été guéris ce jour-là, et bien des prières exaucées. Il y eut une grande joie dans le monde.

Bonheur de Sarah à la naissance de son enfant, Sarah dont le puissant désir de maternité et la joie immense s’adressent à toutes les femmes prétendues stériles.
Aujourd’hui encore le rire de Sarah est entendu des femmes qui ont l’intuition de ce que l’habituelle cohérence de la nature peut être fortement affaiblie, balayée par la Toute Puissance divine. Ou par une colossale énergie en mouvement, ou encore par la force de conviction.

Ce rire est une bienheureuse injonction; il faut refuser que l’espoir et la foi s’effilochent aux cisaillements de la médiocrité, pour plutôt participer activement à l’élaboration d’un monde tonique et sain.

Au-delà du temps et des frontières le message nous arrive intact et pur : cessons de douter, de tout mesurer à l’aune de notre minuscule compréhension, laissons nous aller au bonheur de Dieu, rions avec Sarah, notre Mère.

J’ajouterai ceci : si ce n’est Dieu, c’est donc la Nature, ou bien quelqu’un des Siens ?
Qu’importe, si l’on atteint la certitude d’un bonheur possible ?!

 

Catégories : Culture

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